
Petit rappel des faits : Jackie est infirmière dans un hôpital de New-York et va faire de son mieux pour conjuguer ses problèmes personnels et soigner au mieux les patients.
Bon c'est sûr, comme ça sur le papier, on est en droit de se dire « ah ouais super, la dépouille d'Urgences n'est même pas encore froide que toutes les chaînes nous proposent une nouvelle série médicale pour surfer sur le filon. » Mais il n'en est rien. La nouvelle dramédie de Showtime avec Edie Falco nous plonge au-delà d'un univers strictement médical, elle nous plonge dans l'univers de Jackie. A première vue, on pourrait la prendre pour une version féminine de Gregory House, même défonce aux antalgiques (je ne savais d'ailleurs pas qu'on pouvait sniffer l'intérieur des pilules comme de la coke), même cynisme apparent, même univers médical. Mais Jackie est bien différente, là où House est plus préoccupé par sa propre réussite, le patient n'étant qu'un moyen d'y parvenir, Jackie, elle, s'intéresse vraiment à la santé de ses patients. Ce qui est bien illustré dans un dialogue entre Jackie et son amie médecin qui lui explique pourquoi elle est médecin alors que Jackie est infirmière, le tout emprunté d'un délicieux cynisme. Et c'est bien le sentiment qui m'a habitée pendant le visionnage de ce pilote : c'est tout simplement délicieux. Car au-delà de cette forme de cynisme qui nous fait rire jaune, Jackie amorce une réflexion sur elle-même et sur ses choix, qui n'est pas développée dans le pilote qui sert avant tout à nous présenter l'univers de Jackie et à mettre en place les personnages, mais qui est bien présente malgré tout. Cette réflexion a quelque chose de spirituel, l'omniprésence des réflexions de Jackie en voix off, la présence divine dans cet hôpital qui semble jumelé avec une église, on y voit des bonnes sœurs dans les couloirs dont certains ressemblent plus au déambulatoire d'une église qu'aux couloirs d'un hôpital, et où se rend Jackie pendant ses pauses. Cette dimension religieuse dans la quête de soi est un angle intéressant mis en opposition avec le cynisme apparent dont fait preuve Jackie et sa vie plutôt tumultueuse.
La réalisation est soignée, j'ai beaucoup aimé les deux premières minutes du pilote avec Jackie, comme dans du coton, comme en plein trip, avant de s'ouvrir une capsule, sniffer les granulés (« 16 grains, no more no less ») et boum, retour à la réalité. La mise en scène des trente dernières secondes, sur la dernière phrase qui résume bien les enjeux de la série (« Make me good God, but not yet ») était bien pensée, Jackie dans la lumière sur la première partie de la phrase qui fait un pas en arrière pour se retrouver dans la pénombre sur la deuxième partie, était une belle façon de conclure ce pilote.
Verdict ? J'ai été absolument charmée par ce pilote, je n'ai pour l'instant pas de critique négative à faire, rendez-vous en fin de saison pour un bilan plus détaillé, en tout cas pour le moment, c'est avec plaisir que je suivrai les aventures de Nurse Jackie.