mercredi 10 juin 2009

Pilote : Nurse Jackie



Petit rappel des faits : Jackie est infirmière dans un hôpital de New-York et va faire de son mieux pour conjuguer ses problèmes personnels et soigner au mieux les patients.

Bon c'est sûr, comme ça sur le papier, on est en droit de se dire « ah ouais super, la dépouille d'Urgences n'est même pas encore froide que toutes les chaînes nous proposent une nouvelle série médicale pour surfer sur le filon. » Mais il n'en est rien. La nouvelle dramédie de Showtime avec Edie Falco nous plonge au-delà d'un univers strictement médical, elle nous plonge dans l'univers de Jackie. A première vue, on pourrait la prendre pour une version féminine de Gregory House, même défonce aux antalgiques (je ne savais d'ailleurs pas qu'on pouvait sniffer l'intérieur des pilules comme de la coke), même cynisme apparent, même univers médical. Mais Jackie est bien différente, là où House est plus préoccupé par sa propre réussite, le patient n'étant qu'un moyen d'y parvenir, Jackie, elle, s'intéresse vraiment à la santé de ses patients. Ce qui est bien illustré dans un dialogue entre Jackie et son amie médecin qui lui explique pourquoi elle est médecin alors que Jackie est infirmière, le tout emprunté d'un délicieux cynisme. Et c'est bien le sentiment qui m'a habitée pendant le visionnage de ce pilote : c'est tout simplement délicieux. Car au-delà de cette forme de cynisme qui nous fait rire jaune, Jackie amorce une réflexion sur elle-même et sur ses choix, qui n'est pas développée dans le pilote qui sert avant tout à nous présenter l'univers de Jackie et à mettre en place les personnages, mais qui est bien présente malgré tout. Cette réflexion a quelque chose de spirituel, l'omniprésence des réflexions de Jackie en voix off, la présence divine dans cet hôpital qui semble jumelé avec une église, on y voit des bonnes sœurs dans les couloirs dont certains ressemblent plus au déambulatoire d'une église qu'aux couloirs d'un hôpital, et où se rend Jackie pendant ses pauses. Cette dimension religieuse dans la quête de soi est un angle intéressant mis en opposition avec le cynisme apparent dont fait preuve Jackie et sa vie plutôt tumultueuse.

La réalisation est soignée, j'ai beaucoup aimé les deux premières minutes du pilote avec Jackie, comme dans du coton, comme en plein trip, avant de s'ouvrir une capsule, sniffer les granulés (« 16 grains, no more no less ») et boum, retour à la réalité. La mise en scène des trente dernières secondes, sur la dernière phrase qui résume bien les enjeux de la série (« Make me good God, but not yet ») était bien pensée, Jackie dans la lumière sur la première partie de la phrase qui fait un pas en arrière pour se retrouver dans la pénombre sur la deuxième partie, était une belle façon de conclure ce pilote.

Verdict ? J'ai été absolument charmée par ce pilote, je n'ai pour l'instant pas de critique négative à faire, rendez-vous en fin de saison pour un bilan plus détaillé, en tout cas pour le moment, c'est avec plaisir que je suivrai les aventures de Nurse Jackie.

mardi 9 juin 2009

Bilan : Sons of Anarchy (saison 1)



Je n'étais pas forcément très enthousiaste à l'idée de regarder une série sur des motards. Pas que je n'aime pas les bikers, mais les possibilités scénaristiques me semblaient un peu limitées. Et puis un jour d'avril, je me suis lancée. J'ai enfin visionné le pilote de Sons of Anarchy. Et quelle ne fut pas ma surprise de constater que je m'étais vraiment trompée. J'ai dévoré cette première saison, trouvant les épisodes de mieux en mieux, allant crescendo vers un final qui s'annonce très prometteur pour la prochaine saison.
La série raconte l'histoire de Kurt Cobain Jackson "Jax" Teller (la ressemblance m'a tout de suite frappée, est-ce que c'est parce que j'ai vu le pilote un 5 avril ?), membre du club de motards de Californie Sons of Anarchy, dont son père, décédé dans des conditions pas très claires, est le fondateur. Inutile de préciser que les membres du clubs ne se réunissent pas uniquement pour passer de délicieux dimanches à rouler cheveux au vent, mais pour d'autres activités tout aussi distrayantes telles que la vente d'arme et les règlements de comptes musclés entre autres. Le remplaçant du père de Jax à la tête du club est un ancien proche du paternel, Clay, qui a épousé la femme du feu chef et mère de Jax, Gemma. Et on se rend compte tout de suite que ces deux-là ne sont pas si innocents que ça dans la mort du patriarche. Bon je vais m'arrêter là dans l'histoire pour ne spoiler personne.

Une des références totalement assumée de la série est son parallèle scénaristique avec Hamlet de Shakespeare. Mais pourquoi je n'ai pas su ça avant ? J'aurais sauté dessus tout de suite ! William et moi, c'est une grande histoire, mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui... Même si on peut imaginer que le personnage de Gemma est plus calqué sur une Lady McBeth que sur la reine du Danemark dans Hamlet, cela donne une dimension dramatique intéressante à la série et qui colle bien à l'univers de nos bikers voyous, gangsters mais pas trop, avec encore un sens de l'honneur comme on n'en voit plus depuis les films noirs des années 1940 (ah, Bogey...). La première saison est construite sur la prise de conscience de Jax sur ce qui se passe dans le club et les changements depuis la mort de son père. Si la première partie de la saison installe le climat, nous présente les personnages (par ailleurs très bien construits, c'est assez rare pour être souligné), la deuxième partie s'enchaîne comme un train roulant à toute allure et qu'on ne peut plus arrêter jusqu'à l'évènement tragique qui marquera une rupture entre Jax d'un côté, et Clay et Gemma de l'autre.
A ce propos, je tiens à souligner la magnifique performance de Katey Sagal dans le rôle de Gemma, elle crève l'écran et ne laisse pas beaucoup de place aux autres. Sans compter que son rôle est probablement le seul rôle féminin vraiment intéressant et complexe (son mari étant le créateur de la série, ce n'est sûrement pas un hasard), alors que les autres sont plutôt binaires. Et pour ceux qui me suivent sur Twitter, certains se souviennent peut-être qu'il y a quelque temps j'avais fait un commentaire comme quoi Ally Walker ne savait jouer que des femmes torturées et que ça en devenait lassant, et bien je dois dire qu'elle m'a surprise dans SOA. Elle y incarne un agent de l'ATF (l'agence gouvernementale américaine chargée de l'application des lois sur les armes à feu, l'alcool et le tabac, quel mélange...explosif...) pendant toute la deuxième partie de la saison et pour une fois, oh miracle, elle n'est pas torturée ! Elle y est même plutôt drôle, dans ce rôle d'agent borné qui cherche par tous les moyens à arriver à ses fins, surnommée affectueusement The Bitch par tous les personnages ou presque.
La réalisation est soignée, en particulier celle du season finale, qui, un peu à la manière d'une pièce de théâtre, se découpe en actes, chaque acte se terminant par une chanson et une transition visuelle sur chaque personnage, comme une pause avant d'enchaîner la suite. Comme pour nous laisser respirer, dans ce final à l'intensité dramatique poussée suite au drame de l'épisode précédent. J'ai trouvé cette manière de faire originale, sans détonner avec le reste, juste un sentiment d'emphase de la dramaturgie des personnages, un clin d'oeil à la référence théâtrale, sans en faire des caisses.

Si je devais émettre des réserves sur cette première saison de SOA, je dirais que son déroulement général est du coup assez prévisible pour qui connaît la pièce de Shakespeare. Pas tant au niveau des histoires racontées mais au niveau du triangle Gemma-Clay-Jax (et du personnage qui n'est pas à l'écran mais bien présent tout au long de cette saison, JT Teller, le père de Jax). Je ne suis pas non plus convaincue par le personnage et le jeu de Maggie Siff, dans le rôle de l'ex de Jax qui veut mais qui veut pas mais qui veut quand même se remettre avec lui... ou pas. C'est mon opinion tout personnelle mais je préfère largement les personnages féminins forts comme celui de Gemma aux personnages féminins indécis. Quant à son jeu, je l'ai trouvée meilleure dans Mad Men (dont je reparlerai prochainement).

Voilà donc je vous recommande chaudement cette série qui est prévue pour bientôt sur M6 (en espérant qu'elle lui réserve un meilleur traitement qu'à Rome...) et je terminerai par cette phrase prononcée par Ally Walker dans l'épisode 6 et qui résume bien mon avis sur la série : « Tatoos and chivalry : delicious combination... »

mercredi 3 juin 2009

Pilote : Mental

Petit rappel des faits : Le Dr Jack Gallagher prend ses nouvelles fonctions de directeur du service de psychiatrie d'un hôpital de Los Angeles. Ses méthodes un peu particulières vont perturber ses collègues qui devront composer avec ce nouveau venu.

Bon puisqu'elle a déjà été faite partout, je vais commencer par là. Mental n'est pas House. Jack Gallagher et Gregory House n'ont rien, mais alors rien en commun, en tout cas en ce qui concerne les personnages. Après, on retrouve des similitudes entre les deux séries, comme la relation de Gallagher avec sa patronne (dont j'ai oublié le nom mais qui jouait dans Law & Order CI) qui essaie d'imiter la relation entre House et Cuddy. Le principe de l'équipe aussi mais on est déjà plus dans le principe général de toutes les séries policières depuis la naissance de CSI. Et le modèle copié par Mental dans sa forme est bien celui des séries policières, comme House l'avait fait avant elle (les similitudes entre House et Sherlock Holmes sont nombreuses et le déroulement de la série est plus proche d'une série policière que d'une série médicale classique). Donc nous suivons le Dr Gallagher dans son exploration de l'esprit d'un patient (visiblement la série se dirige vers un épisode = un patient, ce qui est assez bizarre pour une série se déroulant en milieu psychiatrique, où les consultations sont rarement uniques...) afin de découvrir quel mal le ronge et comment l'en guérir (ou tout du moins comment s'en accommoder au quotidien parce qu'une maladie psychique est tout de même difficile voire impossible à guérir, en tout cas en un épisode). Tout repose sur la personnalité et les méthodes peu orthodoxes du médecin mais j'ai été frappée par la ressemblance du personnage avec celui, non pas de House (qui en est l'anti-thèse), mais de Patrick Jane de The Mentalist (bon là je sais, vous vous dites, elle est complètement obsédée par The Mentalist, freescully, heureusement qu'elle arrête de regarder cette série... :)). J'y ai vu les mêmes cabotinages d'un bout à l'autre de l'épisode, la pointe de sérieux quand il faut, les méthodes que tous ses collègues trouvent débiles mais qui finissent par fonctionner et tout le monde est content, l'optimisme constant, la légère manipulation pas méchante pour obtenir ce qu'on veut, la même façon très théâtrale de se mouvoir, etc. Je n'ai pas suivi Castle cette saison, mais le personnage étant en gros le même que celui de The Mentalist, je rattacherais donc plutôt Mental à ce type de séries qu'à House.
Donc forcément ça sent le déjà vu version overdose et je je me suis franchement ennuyée pendant ce pilote. Les seuls moments que j'ai trouvé intéressants et même plutôt drôles pour certains sont les passages vus du point de vue des malades. Je dois dire que la vieille nymphomane qui fantasme sur Gallagher m'a bien fait rire ! Ce n'est pas non plus d'une originalité folle mais ces passages sont les moins classiques de ce pilote. L'histoire principale sur le patient schizophrène est d'un classique à dormir, il est malade, sa soeur veut le faire enfermer mais oh miracle ce bon docteur réussi non seulement à le calmer, mais le tout sans médicaments ou presque (oui, il est très fort ce bon docteur) pour qu'il puisse continuer à dessiner (car c'est un génie du dessin évidemment) et à s'occuper de ses neuveux qu'il retrouve dans une scène qu'on pourrait dérire par "aaaaaaawwwwwwww"... Bref, si un logiciel pouvait générer automatiquement des scénarios, il aurait pu sortir celui-là. Malheureusement l'histoire secondaire du patient qui souffre d'un trouble affectif était plus intéressante, mais peu abordée et j'ai eu l'impression qu'elle était là pour meubler.
Ce n'est peut-être qu'un détail mais la série a été tournée en Colombie pour des questions de budget. Et visuellement, ça se voit. Ce ne serait pas si grave si le scénario était exceptionnel, mais malheureusement ce n'est pas le cas, et c'est un point négatif de plus pour Mental. J'espère que ça s'arrangera un peu par la suite, pas que ce soit horrible à regarder, loin de là, mais on est habitués à mieux...

Verdict ? Je n'ai pas du tout accroché avec Mental. C'est dommage car l'idée de départ pouvait être intéressante, mais le concept global de la série est calqué sur du vu et revu et rerevu cette année. Je ne passerais donc pas l'été avec le Dr Gallagher !

mardi 2 juin 2009

Bilan : Skins (saison 1)

Oh, baby, baby, it's a wild world... C'est sur la chanson de Cat Stevens que s'achève la première saison de Skins. Et il est bien un peu fou, le monde des ados de Bristol. Ou d'ailleurs, en fait. Je crois que la série est assez universelle et bien que certaines situations soient poussées à l'extrême, j'ai retrouvé beaucoup de ma propre adolescence dans cette première saison. La série fait preuve d'une bonne dose de réalisme pour décrire une période pas franchement très facile à vivre mais ne tombe pas non plus dans le pathos ou le drama facile des histoires de cœur d'artichaut des ados. Tout est décrit avec beaucoup d'humour, ce qui rend les personnages particulièrement attachants, dans leur futilité comme dans leurs failles. Par exemple, j'ai trouvé la scène dans laquelle Cassie explique à Sid comment cacher à la perfection son anorexie très drôle en apparence bien que très grave sur le fond. Et surtout tellement vraie.
La série bénéficie sûrement du fait qu'elle soit écrite par de jeunes adultes, le temps n'ayant pas encore adouci leur regard sur cette période de leur vie, ce qui leur permet de la décrire de manière plus juste. Mais si les personnages des ados sont très réussis, ceux des adultes ne le sont pas vraiment et sont dépeints comme de grands enfants irresponsables et stupides. Je n'y vois cependant pas là une faiblesse d'écriture, mais plutôt une double lecture. La première est que c'est tout simplement la vision des adultes par les ados eux-mêmes. Le refus de l'autorité des adultes les place sur le même plan que les ados tout en état en dehors de leur monde, d'où cette impression de copinage (ou plus si affinités d'ailleurs) teintée d'incompréhension et d'impression de stupidité : les relations des adolescents avec leurs parents montrent bien qu'ils regardent le monde des adultes avec incompréhension comme dans cette scène très drôle dans laquelle Sid engueule son père (pour qu'il aille retrouver sa femme avec qui il s'est disputé) comme un parents crierait sur un enfant parce qu'il a fait une bêtise.
Ma deuxième interprétation est que les adultes dans la série (qui fait la part belle aux ados) sont décrits comme beaucoup d'adolescents sont souvent décrits par les adultes dans la vie/d'autres teen shows. Petite pique et juste retour des choses.
J'ai beaucoup aimé le format des épisodes, chacun centré sur l'un des personnages. Pas question ici de points de vue différents sur une même situation, l'histoire avance tout au long de la saison mais chaque épisode nous permet de passer au-delà de la barrière forte de chaque personnage pour approfondir sa personnalité et découvrir ses faiblesses, ses angoisses.
Il est aussi intéressant de constater que si les personnages viennent de milieux sociaux variés (aussi bien de milieu aisé que de la classe moyenne ou de la classe ouvrière), cela n'a que très peu d'incidence sur leurs relations. Au-delà de leurs différences, ils vivent ensemble leurs délires, leurs amitiés, leurs amours, leurs défonces, leurs doutes. Et c'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai retrouvé un peu de moi dans les aventures des adolescents de Skins, dont la première saison se termine comme une bulle qui éclate.