mardi 16 septembre 2008

Confessions sur l'oreiller

La semaine dernière, Meuh6 a diffusé le premier épisode du Journal intime d'une call-girl. A priori je n'étais pas franchement emballée par le sujet mais bon, pour ne pas mourir idiote, je me suis dit que j'allais quand même regarder le pilote, histoire de savoir de quoi il s'agit si un jour on venait à m'en parler (ce qui risque d'arriver vu qu'elle a déjà bien fait parler d'elle sur le Net). J'ai vraiment essayé de regardé ça d'un oeil vierge (sic) de tout préjugé, après tout oui peut-être que la série dépeint des personnages attachants et qu'elle peut poser les bases d'une réflexion sur le milieu de la prostitution. Je crois que j'aurais mieux fait de regarder ça avec des préjugés.

On est bien loin d'une amorce d'un début de réflexion sur le sujet et en 23 minutes, il est quasiment impossible de creuser un tant soit peu les personnages. Pour résumer, Hannah est call-girl (ah bon, elle est pas médecin? poutant avec le titre de la série, on aurait pu douter... :)) et s'est créé un alter-ego du nom de Belle. La série est supposée nous faire vivre son quotidien mais là encore, je pense qu'en 23 minutes, c'est un sujet bien trop complexe pour qu'il puisse être traité correctement. Donc on a le temps de voir Belle avec deux clients, le classique mec marié qui veut assouvir ses fantasmes un peu bizarre (mais rien de bien méchant) et le type qui cherche à retrouver la relation qu'il avait avec sa copine avant qu'elle le plaque (ce que va faire aussi Belle, d'ailleurs, car ce client "l'empêche de ne pas être elle-même"). Et c'est à peu près tout. Alors peut-être qu'après ça devient mieux (après tout j'ai toujours trouvé que le pilote de Sex and the City était chiant à crever) mais permettez-moi d'en douter. Dans le principe, cette série me fait penser à Weeds. Alors là vous allez me dire : c'est quoi le rapport? Un sujet vaguement provocateur (pour la ménagère de mons de 50 ans qui ne sort jamais de chez elle) mais rien derrière. Personnages pas très travaillés, humour très (trop?) léger, scénario ennuyeux. Alors qu'on pourrait très bien utiliser ces sujets pour soulever une véritable réflexion, il ne sont utilisés que pour donner l'impression à la ménagère d'être une rebelle parce que "oulàlà je regarde une série qui parle de sexe/de drogue". C'est sûr que ça la change du Destin de Lisa mais bon, pour la vraie provoc utile qui sert à autre chose qu'à se sentir un peu rebelle, on repassera.

Si j'avais aussi des à prioris sur Californiation pour les mêmes raisons, je trouve que la série a au moins le mérite d'avoir des personnages un peu plus travaillés et attachants, à défaut d'avoir un scénario très original.

J'ai un autre problème avec cette série, c'est le ton qu'elle adopte. Déjà partir sur le préjugé très masculin que les prostituées adorent leur métier et ne montrer que les "bons" côtés (les clients de Belle ne sont pas trop répugnants voir même vraiment pas mal pour le deuxième, c'est de l'argent facile) sans parler des "inconvénients" (les clients violents, les problèmes avec la police, les problèmes de drogue, les MST), je trouve que c'est pas terrible. Evidemment je comprends bien qu'il s'agit d'une call-girl et pas d'une prostituée du bois de Boulogne m'enfin quand même faut arrêter c'est pas la belle vie non plus.

Je terminerai simplement par la critique du New-York Times qui, selon moi, résume parfaitement la série : “Secret Diary of a Call Girl” is not an exposé, and it doesn’t look very deeply into either the prostitution industry or the psyche of one young call girl. It’s not Zola, it’s not even the movie “Klute”; it’s X-rated chick lit with lots of attitude but not much affect.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est l'éternel débat sur la prostitution, en fait : dégrade-t-elle toujours la femme ? A chacun sa position (!) sur le sujet, personnellement je pense qu'il doit y avoir des femmes à qui ça convient, soit parce qu'elles ont des tendances nymphos, soit parce que ça leur offre une certaine liberté qu'un travail plus classique ne leur permet pas, etc... Ca reste une minorité de prostituées, évidemment, mais pourquoi ne parlerait-on pas d'elles aussi, finalement ? Il y a effectivement des call girls qui évoluent dans un milieu relativement privilégié qui leur permet d'être protégées d'un certain nombre de dangers que tu cites, j'imagine. Parler de l'un n'empêche pas de parler de l'autre, mais finalement l'essentiel, c'est peut-être simplement d'en parler, et au spectateur, après, de se situer d'après ça. Bref j'ai pas envie de reprocher à Secret Diary of a call girl d'exister... mais j'ai pas envie de la regarder, non plus.