Ce post comparatif sera un peu différent parce que le Prisonnier (1967) et le Prisonnier (2009) se révèlent finalement assez différentes l'une de l'autre. Je pense d'ailleurs qu'il aurait mieux valu ne pas jouer la carte du remake pour ce Prisonnier new gen et se contenter d'assumer une parenté avec la série originale. Ça lui aurait sans doute attiré moins de foudres.
Bref, commençons donc par le postulat de départ qui est le même dans les deux séries : un homme démissionne de son travail (agent secret pour l'un, analyste dans une société de télésurveillance pour l'autre > à chaque époque sa paranoïa) et se retrouve dans un endroit isolé appelé le Village duquel il est visiblement impossible de s'enfuir et où tout le monde porte un numéro plutôt qu'un nom. Là où la scène d'ouverture qui se répétait à chaque épisode du Prisonnier (1967) était très explicite quant aux circonstances de l'arrivée du Numéro Six dans le Village, le Prisonnier new gen joue la carte du flou (carte qu'il va d'ailleurs jouer jusqu'à la fin) et on se retrouve directement aux frontières du Village avec Six sans plus d'explications. Un dialogue avec ce qui pourrait être considéré comme le Numéro Six de la série originale (même veste, essayant de s'enfuir) définit un peu la situation mais sans plus. Qui est-il ? D'où vient-il ? Pourquoi est-il ici ? Ce sont des questions qui seront posées plus tard et qui constituent donc la première différence d'enjeux avec la série originale. Il faut attendre quelques minutes pour voir le générique qui contient des images de la démission de Six.
Puisqu'on parle du Village et de ses habitants, là aussi les choses sont différentes. Je passerai rapidement sur la différence visuelle des deux Villages, le charme excentrique du petit village gallois faisant place à une banlieue typiquement américaine avec un petit côté très Sud Ouest des États-Unis (limite cubain/mexicain).
Mais alors que dans la version originale, le Village était un endroit restreint, renforçant l'impression d'enfermement du Numéro Six, le Village new gen est très étendu, il se divise en plusieurs quartiers, il y a un système de bus (pas uniquement les taxis que l'on trouve dans les deux versions), de nouveaux quartiers sont en construction, et le Village est entouré d'un désert, étendue sans fin par excellence (quand le Village original est coincé entre la mer et des montagnes > terrains difficilement franchissables, tels des murs). Il y a une certaine démesure bien propre aux États-Unis dans cette vision du Village et ce n'est pas dérangeant en soi si ce n'est que ce changement en implique un autre, c'est que s'il est possible que tout le monde se connaisse dans le Village original (restreint donc peu d'habitants), il est très peu probable que tout le monde se connaisse dans ce Village new gen, contraîrement à ce qu'affirme l'épicier à Six lors de son arrivée au Village. De même, il me semble me souvenir que le numéro le plus élevé dans la série originale est le 100, ici les numéros vont donc de 1 à au moins 1112. Certains pourront arguer que le Village existe depuis longtemps et que donc certains numéros ne sont plus attribués, dans ce cas, comment se fait-il que Six, arrivé en dernier, se retrouve affublé du numéro 6 et pas du numéro, mettons, 3498 ? Il est donc pour moi très clair que les numéros sont réutilisés. Dans la série originale il est même expliqué dans l'épisode « Le carillon de Big Ben » que la nouvelle voisine du Numéro Six est la « nouvelle Numéro Huit », ne laissant aucun doute sur la réatribution des numéros.
Et s'il est possible de ne pas connaître tout le monde, cela enlève une certaine dimension liée au manque d'intimité, à la surveillance, contenue dans la série originale. Dans ce Village new gen aux allures de grande banlieue, tout le monde ne peut pas être au courant de vos moindres faits et gestes, dans le petit Village, oui.
D'autre part, le fait que dans la série originale, les habitants portaient tous leur numéro bien visible sur leur veste leur donnait un petit côté bétail étiqueté qui est perdu encore une fois dans la mini-série.
L'utilisation des numéros aussi, n'a pour moi aucun sens dans ce Prisonnier new gen. L'utilisation de numéros dans la série originale en lieu et place de noms marquait l'absence d'individualité dans une masse sans nom et sans humanité. Or, dans cette nouvelle version, les personnages sont humanisés au maximum, sans doute dans un soucis de se conformer aux codes des dramas d'aujourd'hui, mais du coup, toute cette dimension est perdue. Le simple fait d'utiliser les numéros sans dire « numéro » (Six, Two, Elenven-Twelve, etc au lieu de Number Six, Number Two, Number Elenven Twelve) équivaut à utiliser le numéro comme un prénom, et non comme une négation de la personnalité. La série originale ne possédait pas de casting régulier à part le Numéro Six, le majordome et le chef de la surveillance, cela renforçait cette impression de pions remplaçables à tout moment par d'autres. On ne savait rien d'eux et ils étaient remplacés à chaque fois. Ici, ok, le concept est légèrement différent, il s'agit d'une mini-série et pas d'épisodes sur un format plus « stand alone » comme pouvaient l'être la majorité de ceux de la série originale. Mais donner une famille à Two le rend plus humain, lui donne des faiblesses, il a l'air moins froid et invincible que dans la série originale. Six est aussi affublé d'une famille dès le deuxième épisode, mais aussi d'amis (avec le chauffeur de taxi qui a lui aussi une famille sur laquelle on va pleurer pendant un épisode) et d'un love interest (totalement inutile, c'est vrai que moi aussi si j'étais coincée dans un endroit donc je cherchais à m'échapper, je perdrais mon temps à essayer de me trouver un love interest...). Encore une fois, tout cela est bien standard et ne fait qu'affaiblir le propos original.
Et puis franchement, elle, là, madame 313 avec sa bouche tordue, elle m'a bien énervée avec ses airs de sainte nitouche.
Bon à partir de là je commence à spoiler grave, vous êtes prévenus.
Le rôdeur a aussi perdu toute son essence. Là où dans la version originale il représentait les forces de l'ordre sans forme, sans visage, sans voix, au service du Numéro Deux, il ne fait que quelques brèves apparitions dans le Prisonnier new gen, en général à la fin des épisodes, comme pour marquer la fin du rêve, plutôt que comme une véritable menace. Par contre, il a quand même meilleur aspect dans la nouvelle version, le rôdeur de 1967 a quand même très mal vieilli...
Bon on ne voit pas bien sur la photo mais ça a mal vieilli je vous assure.
Puisqu'on les voit sur la photo du rôdeur, les tours jumelles, symbole du monde perdu de Six qu'il ne peut rejoindre et représentant sa liberté, est l'un des symboles forts de ce Prisonnier new gen (parce que bon, je sais que j'en dis beaucoup de mal mais tout n'est pas à jeter non plus, hein ? C'est juste que la comparaison avec l'original n'est pas flatteuse.). Vu que la mini-série évoque la paranoïa liée à la peur du terrorisme (là où la série originale, guerre froide oblige, traitait entre autre du communisme et des régimes totalitaires), le symbole est d'autant plus fort. Par contre il est très dommage que dans le changement, on ait perdu la critique politique que contenait la série originale. Il n'est pas question ici de critiquer. À peine Two peut-il être perçu comme un dictateur par ses actions, mais son humanité dont j'ai parlé plus haut atténue son statut et sa critique par la même occasion. Il est plutôt question ici d'un duel entre deux hommes, Six et Two, qu'entre un homme et une société/un régime politique comme dans la série originale.
La fin de chaque série est à l'opposé de l'autre. Tout d'abord, changement de Numéro 1. Dans la série originale, le Numéro 1 est le Numéro Six, à partir de là, plusieurs interprétations sont possibles quant au fonctionnement du Village et jusqu'à son existence même (ou plutôt ses limites géographiques > les dernières images de la série originale avec la porte de l'appartement du Numéro Six à Londres qui s'ouvre toute seule signifie-t-elle que le Village (et son organisation) n'est pas limité au Village même ? On est évidemment dans la métaphore). Dans le Prisonnier new gen, tout est expliqué (plus ou moins clairement) : le Numéro 1 est la femme de Two (cela n'est pas clairement dit mais il est dit qu'elle était la première dans le Village, Two étant son mari, il est logique qu'il soit arrivé le deuxième, il porte le numéro 2, faites le calcul) et le Village est le fruit de son imagination. Le Village n'existe que si quelqu'un le rêve (avec l'aide de petites pilules colorées hallucinogènes). Il sert d'exutoire à ceux qui sont malheureux dans leur vie réelle (c'est là qu'on fait le parallèle avec les habitants du Village et les relations de Six dans la vraie vie). Outre la métaphore sur les drogues, ce postulat des gens dont l'esprit vit dans un monde créé de toutes pièces alors que leur corps « dort » dans la vraie vie n'est pas sans me rappeler une certaine trilogie des frères Wachowski. Bref. Mais surtout, alors que dans la série originale, le Numéro Six finit par s'échapper et retrouver sa liberté (l'individu gagne par rapport au groupe), dans ce nouveau Prisonnier, alors qu'il a essayé de s'en aller pendant 5 épisodes et demi, Six accepte de prendre la place de Two et de sacrifier sa liberté (ou plutôt celle de 313 qui doit reprendre la place du numéro 1 et donc renoncer à vivre sa vie > lui qui se battait contre Two et ses manières de dictateur, prend une décision arbitraire avec la vie de 313, même si c'est elle qui se propose, il ne dit pas non et comme ça fait 3 ou 4 épisodes qu'il la manipule... Et les larmes de 313 à la toute fin prouvent bien qu'elle a des regrets, alors que lui a l'air tout content de sa nouvelle situation de dictateur) pour le bonheur du groupe, des autres habitants du Village, pour qu'ils puissent tout de même vivre dans leur exhutoire au lieu de faire face à la réalité de leur vie.
Le Prisonnier new gen n'est enfin pas ingrat car de nombreux clins d'oeil à des détails de la série d'origine sont présents (de la veste du vieillard qui s'échappe au début jusqu'à la fin où les habitants scandent « Six is the one »). Certains titres des épisodes de la série sont d'ailleurs aussi repris pour les épisodes de la minisérie (et je dois dire que j'ai eu très peur en voyant le titre « Harmony » pour le deuxième épisode, celui-ci faisant partie de mon top 3 des pires épisodes de la série originale, mais au final, pas de western, j'étais soulagée).
Verdict ? Les deux séries sont donc fondamentalement différentes, mon avis est que la série originale est plus pertinente et propose une réflexion plus poussée que la nouvelle version. Par contre le format mini-série de la nouvelle version aurait sûrement mieux convenu à la série originale qui (pour cause de diffusion sur le marché américain) a dû produire 17 épisodes au lieu des 7 prévus à l'origine et se perd dans du meublage sans intérêt pour certains épisodes (« L'impossible pardon », « Musique douce » et « La mort en marche » étant le comble du meublage, ne se passant pas au Village et pour l'un d'entre eux se passant carrément sans Patrick McGoohan, même si par une pirouette scénaristique le Numéro Six est quand même présent). D'autre part, même si visuellement, elle est absolument magnifique, la mini-série se perd dans des méandres de complications pour ne pas donner les clés tout de suite, ce qui est franchement déroutant (vous trouvez que Lost est compliqué à comprendre ? Essayez The Prisoner 09). Au final, sans être mauvaise, je pense que la mini-série souffre beaucoup de la comparaison, et que les différences avec la série d'origine sont assez importantes pour qu'elle eût pu s'affranchir du concept de remake (ou reboot ou whatever you want to call it) pour ne revendiquer qu'une lointaine parenté.
Bref, commençons donc par le postulat de départ qui est le même dans les deux séries : un homme démissionne de son travail (agent secret pour l'un, analyste dans une société de télésurveillance pour l'autre > à chaque époque sa paranoïa) et se retrouve dans un endroit isolé appelé le Village duquel il est visiblement impossible de s'enfuir et où tout le monde porte un numéro plutôt qu'un nom. Là où la scène d'ouverture qui se répétait à chaque épisode du Prisonnier (1967) était très explicite quant aux circonstances de l'arrivée du Numéro Six dans le Village, le Prisonnier new gen joue la carte du flou (carte qu'il va d'ailleurs jouer jusqu'à la fin) et on se retrouve directement aux frontières du Village avec Six sans plus d'explications. Un dialogue avec ce qui pourrait être considéré comme le Numéro Six de la série originale (même veste, essayant de s'enfuir) définit un peu la situation mais sans plus. Qui est-il ? D'où vient-il ? Pourquoi est-il ici ? Ce sont des questions qui seront posées plus tard et qui constituent donc la première différence d'enjeux avec la série originale. Il faut attendre quelques minutes pour voir le générique qui contient des images de la démission de Six.
Puisqu'on parle du Village et de ses habitants, là aussi les choses sont différentes. Je passerai rapidement sur la différence visuelle des deux Villages, le charme excentrique du petit village gallois faisant place à une banlieue typiquement américaine avec un petit côté très Sud Ouest des États-Unis (limite cubain/mexicain).
Mais alors que dans la version originale, le Village était un endroit restreint, renforçant l'impression d'enfermement du Numéro Six, le Village new gen est très étendu, il se divise en plusieurs quartiers, il y a un système de bus (pas uniquement les taxis que l'on trouve dans les deux versions), de nouveaux quartiers sont en construction, et le Village est entouré d'un désert, étendue sans fin par excellence (quand le Village original est coincé entre la mer et des montagnes > terrains difficilement franchissables, tels des murs). Il y a une certaine démesure bien propre aux États-Unis dans cette vision du Village et ce n'est pas dérangeant en soi si ce n'est que ce changement en implique un autre, c'est que s'il est possible que tout le monde se connaisse dans le Village original (restreint donc peu d'habitants), il est très peu probable que tout le monde se connaisse dans ce Village new gen, contraîrement à ce qu'affirme l'épicier à Six lors de son arrivée au Village. De même, il me semble me souvenir que le numéro le plus élevé dans la série originale est le 100, ici les numéros vont donc de 1 à au moins 1112. Certains pourront arguer que le Village existe depuis longtemps et que donc certains numéros ne sont plus attribués, dans ce cas, comment se fait-il que Six, arrivé en dernier, se retrouve affublé du numéro 6 et pas du numéro, mettons, 3498 ? Il est donc pour moi très clair que les numéros sont réutilisés. Dans la série originale il est même expliqué dans l'épisode « Le carillon de Big Ben » que la nouvelle voisine du Numéro Six est la « nouvelle Numéro Huit », ne laissant aucun doute sur la réatribution des numéros.
Et s'il est possible de ne pas connaître tout le monde, cela enlève une certaine dimension liée au manque d'intimité, à la surveillance, contenue dans la série originale. Dans ce Village new gen aux allures de grande banlieue, tout le monde ne peut pas être au courant de vos moindres faits et gestes, dans le petit Village, oui.
D'autre part, le fait que dans la série originale, les habitants portaient tous leur numéro bien visible sur leur veste leur donnait un petit côté bétail étiqueté qui est perdu encore une fois dans la mini-série.
L'utilisation des numéros aussi, n'a pour moi aucun sens dans ce Prisonnier new gen. L'utilisation de numéros dans la série originale en lieu et place de noms marquait l'absence d'individualité dans une masse sans nom et sans humanité. Or, dans cette nouvelle version, les personnages sont humanisés au maximum, sans doute dans un soucis de se conformer aux codes des dramas d'aujourd'hui, mais du coup, toute cette dimension est perdue. Le simple fait d'utiliser les numéros sans dire « numéro » (Six, Two, Elenven-Twelve, etc au lieu de Number Six, Number Two, Number Elenven Twelve) équivaut à utiliser le numéro comme un prénom, et non comme une négation de la personnalité. La série originale ne possédait pas de casting régulier à part le Numéro Six, le majordome et le chef de la surveillance, cela renforçait cette impression de pions remplaçables à tout moment par d'autres. On ne savait rien d'eux et ils étaient remplacés à chaque fois. Ici, ok, le concept est légèrement différent, il s'agit d'une mini-série et pas d'épisodes sur un format plus « stand alone » comme pouvaient l'être la majorité de ceux de la série originale. Mais donner une famille à Two le rend plus humain, lui donne des faiblesses, il a l'air moins froid et invincible que dans la série originale. Six est aussi affublé d'une famille dès le deuxième épisode, mais aussi d'amis (avec le chauffeur de taxi qui a lui aussi une famille sur laquelle on va pleurer pendant un épisode) et d'un love interest (totalement inutile, c'est vrai que moi aussi si j'étais coincée dans un endroit donc je cherchais à m'échapper, je perdrais mon temps à essayer de me trouver un love interest...). Encore une fois, tout cela est bien standard et ne fait qu'affaiblir le propos original.
Et puis franchement, elle, là, madame 313 avec sa bouche tordue, elle m'a bien énervée avec ses airs de sainte nitouche.
Bon à partir de là je commence à spoiler grave, vous êtes prévenus.
Le rôdeur a aussi perdu toute son essence. Là où dans la version originale il représentait les forces de l'ordre sans forme, sans visage, sans voix, au service du Numéro Deux, il ne fait que quelques brèves apparitions dans le Prisonnier new gen, en général à la fin des épisodes, comme pour marquer la fin du rêve, plutôt que comme une véritable menace. Par contre, il a quand même meilleur aspect dans la nouvelle version, le rôdeur de 1967 a quand même très mal vieilli...
Puisqu'on les voit sur la photo du rôdeur, les tours jumelles, symbole du monde perdu de Six qu'il ne peut rejoindre et représentant sa liberté, est l'un des symboles forts de ce Prisonnier new gen (parce que bon, je sais que j'en dis beaucoup de mal mais tout n'est pas à jeter non plus, hein ? C'est juste que la comparaison avec l'original n'est pas flatteuse.). Vu que la mini-série évoque la paranoïa liée à la peur du terrorisme (là où la série originale, guerre froide oblige, traitait entre autre du communisme et des régimes totalitaires), le symbole est d'autant plus fort. Par contre il est très dommage que dans le changement, on ait perdu la critique politique que contenait la série originale. Il n'est pas question ici de critiquer. À peine Two peut-il être perçu comme un dictateur par ses actions, mais son humanité dont j'ai parlé plus haut atténue son statut et sa critique par la même occasion. Il est plutôt question ici d'un duel entre deux hommes, Six et Two, qu'entre un homme et une société/un régime politique comme dans la série originale.
La fin de chaque série est à l'opposé de l'autre. Tout d'abord, changement de Numéro 1. Dans la série originale, le Numéro 1 est le Numéro Six, à partir de là, plusieurs interprétations sont possibles quant au fonctionnement du Village et jusqu'à son existence même (ou plutôt ses limites géographiques > les dernières images de la série originale avec la porte de l'appartement du Numéro Six à Londres qui s'ouvre toute seule signifie-t-elle que le Village (et son organisation) n'est pas limité au Village même ? On est évidemment dans la métaphore). Dans le Prisonnier new gen, tout est expliqué (plus ou moins clairement) : le Numéro 1 est la femme de Two (cela n'est pas clairement dit mais il est dit qu'elle était la première dans le Village, Two étant son mari, il est logique qu'il soit arrivé le deuxième, il porte le numéro 2, faites le calcul) et le Village est le fruit de son imagination. Le Village n'existe que si quelqu'un le rêve (avec l'aide de petites pilules colorées hallucinogènes). Il sert d'exutoire à ceux qui sont malheureux dans leur vie réelle (c'est là qu'on fait le parallèle avec les habitants du Village et les relations de Six dans la vraie vie). Outre la métaphore sur les drogues, ce postulat des gens dont l'esprit vit dans un monde créé de toutes pièces alors que leur corps « dort » dans la vraie vie n'est pas sans me rappeler une certaine trilogie des frères Wachowski. Bref. Mais surtout, alors que dans la série originale, le Numéro Six finit par s'échapper et retrouver sa liberté (l'individu gagne par rapport au groupe), dans ce nouveau Prisonnier, alors qu'il a essayé de s'en aller pendant 5 épisodes et demi, Six accepte de prendre la place de Two et de sacrifier sa liberté (ou plutôt celle de 313 qui doit reprendre la place du numéro 1 et donc renoncer à vivre sa vie > lui qui se battait contre Two et ses manières de dictateur, prend une décision arbitraire avec la vie de 313, même si c'est elle qui se propose, il ne dit pas non et comme ça fait 3 ou 4 épisodes qu'il la manipule... Et les larmes de 313 à la toute fin prouvent bien qu'elle a des regrets, alors que lui a l'air tout content de sa nouvelle situation de dictateur) pour le bonheur du groupe, des autres habitants du Village, pour qu'ils puissent tout de même vivre dans leur exhutoire au lieu de faire face à la réalité de leur vie.
Le Prisonnier new gen n'est enfin pas ingrat car de nombreux clins d'oeil à des détails de la série d'origine sont présents (de la veste du vieillard qui s'échappe au début jusqu'à la fin où les habitants scandent « Six is the one »). Certains titres des épisodes de la série sont d'ailleurs aussi repris pour les épisodes de la minisérie (et je dois dire que j'ai eu très peur en voyant le titre « Harmony » pour le deuxième épisode, celui-ci faisant partie de mon top 3 des pires épisodes de la série originale, mais au final, pas de western, j'étais soulagée).
Verdict ? Les deux séries sont donc fondamentalement différentes, mon avis est que la série originale est plus pertinente et propose une réflexion plus poussée que la nouvelle version. Par contre le format mini-série de la nouvelle version aurait sûrement mieux convenu à la série originale qui (pour cause de diffusion sur le marché américain) a dû produire 17 épisodes au lieu des 7 prévus à l'origine et se perd dans du meublage sans intérêt pour certains épisodes (« L'impossible pardon », « Musique douce » et « La mort en marche » étant le comble du meublage, ne se passant pas au Village et pour l'un d'entre eux se passant carrément sans Patrick McGoohan, même si par une pirouette scénaristique le Numéro Six est quand même présent). D'autre part, même si visuellement, elle est absolument magnifique, la mini-série se perd dans des méandres de complications pour ne pas donner les clés tout de suite, ce qui est franchement déroutant (vous trouvez que Lost est compliqué à comprendre ? Essayez The Prisoner 09). Au final, sans être mauvaise, je pense que la mini-série souffre beaucoup de la comparaison, et que les différences avec la série d'origine sont assez importantes pour qu'elle eût pu s'affranchir du concept de remake (ou reboot ou whatever you want to call it) pour ne revendiquer qu'une lointaine parenté.